Les députés ont adopté le texte de
la loi pacte par 147 voix pour, 50 contre et 8 abstentions.
L'opposition s'efforce de lancer un référendum d'initiative
partagée pour contrer le projet de loi, essentiellement à cause de
sa mesure la plus controversée : la privatisation d'Aéroport
de Paris (au profit de Vinci Aviation) et de la Française des jeux.
Bruno Le Maire, ministre de l'économie, au cœur du débat, affirme
qu'un référendum d'initiative partagée menacerait la démocratie
représentative et que ceux qui le proposent font le jeu des
populismes en alimentant la contestation de la démocratie
parlementaire.
Son intervention est typique des prises
de parole dont nous abreuvent les membres de la République en Marche
et du gouvernement depuis le début de la présidence de Macron. Elle
s'inscrit dans une longue série de disqualifications de
l'opposition, systématiquement accusée de populisme rouge-brun, et
de requalification en miroir du gouvernement et du parti
présidentiels comme étant les seuls défenseurs du « meilleur
modèle politique à notre [leur ?] disposition ». Phrase
qui mériterait toute une exégèse, mais passons pour le moment.
Bruno Le Maire n'innove en rien, il ne
fait que dérouler le récit confortable qui est un des mythes du
macronisme. Il articule ensemble un populisme conçu comme un levier
politique utilisé sans précaution par une opposition aux aboies,
affaiblie, exsangue, qui en appelle pour exister encore au populisme
de la rue. Là où le populisme de la rue menace « l'ordre
républicain », le populisme des partis menace lui la
démocratie représentative, c'est-à-dire, pour dramatiser, la
république elle-même. Ce qui fait des opposants aux populismes, à
savoir le gouvernement et la République en marche, les seuls garants
de la république, de la démocratie, de notre modèle politique, qui
soyons en certains, est le meilleur. Le meilleur pour eux ou le
meilleur pour nous, ça, ils se gardent bien de clarifier la chose.
Mais qu'est-ce que le populisme ?
L'ordre républicain ? Cela ils se gardent toujours de les
définir, ce serait détruire le récit qu'ils construisent en en
dévoilant fatalement les lacunes, les manques, les fraudes et les
mensonges. Le mythe fonctionne en tant que mythe, en tant que récit,
sur l'efficacité des oppositions et des égalités qui le
sous-tendent et qui sont hors discussion. Il nous faut donc bien les
discuter, tenter de les définir, afin de dénoncer les mensonges
(ces récits masquent des décisions politiques, masquent le
fondement idéologique et les conséquences prévisibles de ces
dernières), et le caractère frauduleux de ces discours (qui
détruisent le sens des mots et donc la possibilité même de toute
politique possible basée sur des échanges de parole. À ce compte
là, ne reste que le bourre-pif).
POPULISMES
Le monde diplomatique consacre son
magazine Manière de Voir au populisme, cet anathème incontournable
de la politique aujourd'hui. Je ne chercherai pas à le définir
maintenant (je dois d'abord me replonger dans le livre de Jan-Werner
Müller, consacré à la question), je me contenterai de résumer ici
ce qui en est dit le plus souvent.
Populisme est un mot d'autant plus
offensif qu'il n'est que très peu descriptif, et d'autant plus
efficace qu'il est malléable et donc adaptable à toute situation.
Il peut ainsi servir à attaquer n'importe quel adversaire, et ce
d'autant plus quand l'adversaire s'oppose au nom même de la
démocratie. Un démocrate qui n'en démord pas deviendra donc, par
la seul force d'un mot sans signification, d'un mot insignifiant,
l'ennemi même de la démocratie. Un populiste le démocrate, le chaînon manquant
entre Hitler et Orban, Mussolini et Trump. Ce mot ne sert donc qu'à
une chose ; en rendant incompréhensibles les positions et les
intentions des acteurs, à figer et justifier une opposition
intransigeante entre partis et personnes et à se donner le bon rôle
à peu de frais, à opposer violemment « eux » et
« nous ». Comment en effet se défendre d'être populiste
si personne n'est en mesure de définir la notion ? Celui qui le
brandit le premier est ainsi assuré de gagner. Que la République en
Marche abuse de cet épouvantail est ainsi passablement comique,
puisqu'ils prétendaient, comme Salvini en Italie (qu'ils traitent de populiste), dépasser les
clivages et prendre les bonnes idées d'où qu'elles viennent. On
voit qu'avec une telle pratique, le clivage est renforcé,
généralisé, et que la politique s'en trouve malmenée, au bas mot,
si ce n'est évacuée de l'affaire, réduite à un style de discours
qui doit provoquer l'assentiment des foules. Politique des effets,
non des espoirs.
CARTE SOMMAIRE
Mais essayons, si ce n'est de définir
précisément, au moins de donner un contenu minimal à la notion.
Serait populiste celui qui se présente comme étant proche du
peuple, dans ses manières (il « fait peuple », il est
« populeux », « populacier ») ou dans ses
préoccupations (il est « populaire », ses mesures sont
« populaires »). Le peuple, de son côté, serait
l'ensemble des gens simples, les « français moyens »,
comme on dit. À partir de là, quelles oppositions se dessinent ?
on voit que s'oppose au populiste le
démocrate, qui partage réellement les préoccupations du peuple et
d'autre part et le technocrate, qui ne masque pas la distance qui
existe entre lui et le peuple, mais prétend savoir mieux que lui ce
qu'il lui faut, prétend répondre aux vrais besoins du peuple, Le
technocrate ne s'oppose donc pas aux préoccupations populaire qu'il
gère et rationalise de haut, sauf quand elles entrent en conflit
avec ses « vrais besoins », ses besoins dictés, enfin à
l'élitiste, dont les manières et les intérêts correspondent à la
frange supérieure de la population (économiquement,
culturellement), le reste pouvant, grosso modo, aller crever.
RIONS-UN PEU
Où placer Macron, la République en
Marche, les membres du gouvernement ? Pour les autres je sais
pas, mais force est de constater que Macron est populiste. Sa
promotion de la « société civile » contre les
politiciens de carrière est une manière de s'identifier au « vrai
peuple », exclu mais compétent, audacieux : peuple élu
de CSP+, d'entrepreneurs, de start-uppers, d'actifs bien côtés. En
Avril 2018 sur Fox News il parlait de « son peuple »,
malgré les consonances bibliques, les traversées du désert et les
meurtres du père que cette formule suppose, comme pour rendre clair
un lien religieux, sacré, clanique, entre sa personne et son peuple élu ».
ses « petites phrases » aussi sont "peuple", éructées
dans un style très populaire : « qu'ils viennent me
chercher ! ». « On
met un pognon de dingue dans les minimas sociaux et les gens sont
quand même pauvres » digne des brèves de comptoir. Je pense
qu'un livre très drôle, très grinçant pourrait être fait à partir de ces
phrases pour dévoiler l'idée qu'il a de la france, entre « gaulois
réfractaires », "cyniques et fénéants" et autres qui
foutent le bordel au lieu d'aller voir pour trouver du travail. La
France T-shirt/autocars, opposée à la france Costard/TGV et avions jets.
PLUS SÉRIEUSEMENT
N'oublions pas qu'il n'hésitait pas à
dire au Journal du Dimanche, en mars 2017 : « si être
populiste, c'est parler au peuple de manière compréhensible sans
passer par le truchement des appareils, je veux bien être
populiste », puis en 2018 devant les maires : « nous
sommes les vrais populistes, nous sommes avec le peuple ». Les
propos de 2017 montrent qu'en refusant les « appareils »,
les partis et autres, en voulant parler directement et sur un pied
d'égalité aux français, il prétend incarner le peuple plutôt que
le représenter, abolir la distance entre lui et les électeurs et
incarner personnellement leur dynamisme, être dynamique pour eux,
charge à eux de suivre, plutôt que d'organiser le cadre dans lequel
le dynamisme de chacun pour s'élancer dans sa direction propre. Non,
là, faut marcher en rangs serrés. C'est cette rhétorique
quasi-fasciste de l'homme providentiel, du guide, qui justifie les
interventions dans les écoles, bien plus qu'un technocratisme
pédagogique comme on pourrait le penser. C'est le bourrage de mou,
qui vise à macroniser les esprits malléables.
RÉFLÉCHISSONS
Mais si Macron—même lui, se
revendique populiste, il devient impossible de déterminer, même
vaguement, non plus seulement un sens, mais même déjà un usage
correct, plus convenable que les autres, du mot ! Populiste
est-il un motif de fierté ou une insulte, une position à
revendiquer ou à disqualifier ? Et comment Macron peut user des
deux registres sans jamais se prendre le boomerang sémantique dans
les dents ?
On s'en sortira en distinguant peut-être, comme le
faisait Hal Draper avec le socialisme, en distinguant un populisme
par en haut et un populisme par en bas, un populisme des chefs et un
des masses. Macron se situe du côté du populisme des chefs et d'en
haut (qu'il oppose au populisme des partis d'opposition, ce n'est pas
le même). Il suffit d'écouter le discours d'inauguration de la
station F en 2017 : il dresse un parallèle parfait entre sa vie
politique et la vie d'un patron de start-up, sa proximité donc avec
une « France Xavier Niel » qui à ses yeux est toute la
France : « start-up nation », « entrepreneur
is the next France ». C'est bien simple, c'est plus la France,
c'est la Franglish et malheur aux « illétrées de Gad »
qui ne maîtrisent déjà pas le Français digne, c'est mort pour
elle en ce qui concerne l'anglobish. Pas toute la France, donc, la
France, et quiconque se réclame de l'autre France est un populiste
d'en bas, de l'encarté de syndicat qui parle au nom d'une
masse dangereuse qui ne veut pas le « changement mais le
chaos » et donc qui sans cesse menace de « renverser
l'ordre républicain » à grands coups de lattes dans l'arc de Triomphe.
Sauf que si on ne me dit pas, à moi,
ce qu'est l'ordre républicain, j'ai aucune raison de ne pas vouloir
qu'il chavire ...
L'ORDRE REPUBLICAIN
Quel est cet ordre républicain dont on
se félicite de la préservation chaque fois que les gilets jaunes ne
cassent pas trop ? À minima, la république est un régime dans
lequel le peuple élit ses représentants. La république alors n'est
rien d'autre que la démocratie représentative et l'ordre n'est rien
d'autre que l'absence de contestation hors cadre de ces derniers par
le peuple. Mais on ne peut pas se contenter de cette définition tant
est vraie la formule de Marcuse : « Le fait de pouvoir
élire librement des maîtres ne supprime ni les maîtres ni les
esclaves ». Donnons le passage en entier :
« Réglementée par un ensemble répressif, la liberté peut devenir un instrument de domination puissant. La liberté humaine ne se mesure pas selon le choix qui est offert à l'ndividu, le seul facteur décisif pour la déterminer c'est ce que peut choisir et ce que choisit l'individu. Le critère d'un choix libre ne peut jamais être absolu, mais il n'est pas non plus tout à fait relatif. Le fait de pouvoir élire librement des maîtres ne supprime ni les maîtres ni les esclaves. Choisir librement parmi une grande variété de marchandises et de services, ce n'est pas être libre si pour cela des contrôles sociaux doivent peser sur une vie de labeur et d'angoisse—si pour cela on doit être aliéné. »
Ainsi, en adaptant le propos, ce n'est
pas réellement une république si le contrôle exercé sur les
citoyens est tel que tout un ensemble de possibles se retrouve exclu
du choix, ou maintenu seulement de manière cosmétique. Par exemple,
le fait de changer intégralement la constitution est hors de propos,
de faire partir les projets de loi de discussions entre citoyens
concernés non plus (sauf quand ça vient des citoyens cac40). De même, certains partis sont maintenus sans
aucune possibilité d'être élus, tant est puissant le contrôle qui
les présente d'emblée comme des partis peu sérieux. Ou dangereux,
et on sait bien que le « votez pour qui vous voulez mais votez
Macron » est un outil de contrôle social, autant que les
éditoriaux du Figaro contre Lutte Ouvrière.
Mais au delà de ça, un autre problème
surtout se pose quand on sait, en lisant par exemple l'article du
Monde « le blues des technos de la République » ou
L'Etat de Bourdieu que ceux qui travaillent pour l'Etat ne sont pas
du tout élus ; ils sortent des grandes écoles (ENA,
Polytechnique), cultivent l'entre-soi, partagent le même langage et
les mêmes convictions, demeurent en place quand les gouvernements s'effondrent et vivent entièrement coupés du reste du
monde. Dans ces conditions, lire que :
« La Macronie est intrinsèquement technocratique. Une grande partie du programme de Macron était d’ailleurs dans les cartons de Bercy depuis dix ans » attendant un ministre convaincu ou qui, sans idées, veut faire son trou facilement, n'est pas forcément rassurant.
L'ordre républicain est alors une
demi-démocratie, ou une démocratie de façade, et dans ces
conditions, le désordres est certainement souhaitable.
Mais la république, c'est surtout le
règne de la loi, à l'opposé d'un régime qui distribue allègrement
les privilèges, règne de la loi fragile assuré par un principe
fort : la séparation des pouvoirs. L'ordre républicain est
alors synonyme d'une part de hiérarchie des normes, d'autre part de
mise en respect mutuelle des divers pouvoirs. Mais est-ce bien ainsi
que le gouvernement entend l'ordre républicain ? Ne l'entend-il
pas plutôt comme un calme, une léthargie politique qui laisse les
coudées franches à un exécutif en majesté pour mener à bien son
projet, indépendamment de tout contrôle et au mépris des principes
les plus essentiels de la république ?
La loi anti-casseur en est un exemple.
Dans cette volonté de limiter les libertés publiques et de passer
au-dessus des juges en accordant des pouvoirs au préfet. Certes,
l'article 3 a été censuré, mais pas du tout dans son principe :
donner au préfet la possibilité d'interdire de manifestation un
citoyen sans recours possible auprès d'un juge administratif à
cause de simples questions de délais trop court, aurait été
accepté par le conseil constitutionnel si les raisons de cette
interdiction avaient été plus étroitement liées à une
infraction. Il est vrai que l'exécutif voulait avoir la possibilité
d'interdire de manifestation des personnes ayant été présentes à
une manifestation violente ou partageant des idées radicales. Mais
on doit surtout dénoncer les pressions exercées sur les députés
LREM, menacés d'exclusion en cas de vote contraire aux projets de
l'exécutif, ce qui, étant donné que LREM dispose d'une majorité
absolue, à réduire considérablement le rôle de contre-pouvoir de
l'assemblée nationale. Au moment de la loi Asile et Immigration,
« Richard Ferrand, avait mis une forte pression sur les
députés, menaçant d'exclure du groupe tout élu du parti
votant contre le texte, assénant d'une formule: «Abstention, péché
véniel, vote contre, péché mortel». » (Libération) et, on
s'en souvient, Jacqueline Gourault s'emportait contre les députés
LR qui exigeaient d'elle des réponses à leurs questions, disant
qu'ils usaient de « méthodes autoritaires » qui « ne
sont pas acceptables dans une démocratie ». Autre manière de
faire rendre les armes aux contre-pouvoirs. Attaques contre le
législatif, contre le juridique, mais en élargissant, contre le
« quatrième pouvoir », Macron ayant accusé les
journalistes, en pleine affaire Benalla, de vouloir se substituer à
la justice, de ne pas faire leur travail, uniquement parce qu'ils
enquêtaient sur un de ses proches et levaient de sacrés lièvres. On attend de voir comment la loi
contre la « manipulation de l'information » va entraver
le travail des journalistes mais tout ça semble peu réjouissant.
Et bien sûr, il y a le mépris des
instances internationales, Conseil de l'Europe et ONU, qui condamnent
l'utilisation massive de la force par les policiers et invitent à
mener une enquête rigoureuse sur chaque cas. On connaît la réponse
du président : refus de reconnaître une violence démesurée,
refus de reconnaître aux mutilés et aux morts leur statut de
victimes de la violence policière. Ainsi, quand Macron affirme qu'il
n'y a eu aucun mort à cause d'une intervention policière depuis le
début de la crise des gilets jaunes et refuse de parler de
répression, refuse de recevoir des leçons de républicanisme, il
ment effrontément et outrage tout, sa fonction, l'ONU et nous tous.
Car la réalité est loin d'être ce qu'en dit Macron, comme le
révèle David Dufresne à France Inter :
« nous sommes passés à une phase d’industrialisation de la violence. Et je pèse mes mots ! Quand on en est à 500 blessures, plus de 200 personnes frappées à la tête dont 110 par des tirs de LBD, 110 cas complètement interdits parce qu’on ne doit absolument pas viser la tête, 23 personnes qui ont perdu un œil, cinq une main »
ainsi que Libération de son côté :
C’est toutefois dans le cadre de l’intervention des forces de l’ordre en marge d’une manifestation de gilets jaunes, que la dixième victime, l’octogénaire Zineb Redouane, a été touchée au visage par une grenade lacrymogène alors qu’elle fermait ses volets, le 1er décembre 2018 à Marseille, près de la Canebière. »
« Selon le témoignage d’une voisine recueilli par Libération, la victime, encore consciente avant d’être transportée à l’hôpital, avait déclaré avoir été visée : «Quand je suis arrivée, raconte ce témoin, elle sortait de la salle de bains une serviette en sang sur la mâchoire. Elle criait : "Ils m’ont visée, ils m’ont visée !" L’appartement était rempli d’une fumée noire. Elle m’a raconté que deux policiers en tenue se trouvaient sur le trottoir d’en face de la Canebière et lui ont tiré dessus.»Dans l’Express, le secrétaire régional du syndicat de policiers Alliance, Jean-Marie Allemand, évoque des «tirs en courbe» dont l’un a «pu atteindre le quatrième étage».
LA HIÉRARCHIE DES NORMES
Mais il y a peut-être pire. La volonté
de faire passer passer des lois qui vont à la fois contre les
intérêts du pays et contre la constitution. La République
considère en effet un certain nombre de textes auxquels elle confère
un statut constitutionnel, c'est le bloc de constitutionnalité que
tout projet de loi doit respecter. La hiérarchie des normes place
ces textes au dessus des textes de loi qui doivent nécessairement
s'y conformer. Ces textes qui servent de cadre à l'action du
gouvernement sont la constitution de la Cinquième, le préambule de
la constitution de la Quatrième, la déclaration universelle des
droits de l'homme et du citoyen, la charte de l'environnement.
Or, en voulant privatiser ADP au profit
de Vinci aviation, en détournant le principe des concessions (des
concessions sont offertes à des entreprises privées lorsqu'elles
investissent et participent directement à un chantier public, afin
de leur permettre de se rembourser avant de céder la concession à
l'Etat) : en lui donnant une extension jamais vue (70 ans) et en
permettant à Vinci d'acquérir un aéroport déjà construit, ce qui
est déjà absurde, et surtout rentable et bien géré.
Or, le préambule de la constitution de
1946 affirme au paragraphe 9 :
Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité.
Or, c'est bien
d'un monopole dont il est question ici : Si Vinci récupère
ADP, il possèdera les aéroports parisiens, la majorité des
aéroports français, une partie des alternatives à l'avion avec les
autoroutes. Il est déjà évident que l'Etat va y perdre de
l'argent, mais on ne sait même pas encore la somme qu'il lui faudra
débourser à la fin de la concession pour récupérer ADP. En toute
logique, après cette transaction, On se retrouvera avec beaucoup
moins d'argent qu'en gardant l'aéroport, sans avoir l'assurance que
les bénéfices iront aux salaires et infrastructures plutôt que
dans la poche des actionnaires, c'est-à-dire qu'on n'a aucun moyen
de savoir dans quel état on va retrouver l'aéroport si on le
récupère, vu qu'il est prévu de permettre une vente définitive
une fois la période finie.
Déjà que le
texte a l'air calamiteux, mais il n'est peut-être même pas conforme
au droit français. Donc, si tout cela s'avère pas trop inexact :
on a un président tout ce qu'il y a de plus populiste, qui se la
joue populeux avec nous, mais aux yeux de qui le seul vrai peuple,
c'est le peuple de la grande richesse et le peuple de la richesse
numérique, peuple d'entrepreneurs, réunis dans une petite
« start-up nation ». Et tant pis pour ceux qui start
down. Eux, ma foi, ils resteront tout en bas à faire des livraisons
à vélo toute la nuit. Cela le force à jongler. Car sa nation
n'aime pas l'Etat, n'aime pas l'impôt, n'aime pas qu'on lui impose
des choses. C'est à elle d'en imposer. On n'amasse pas des milliards
génération après génération pour se faire marcher sur les pieds
par un président qui peut nous remercier et qui dégagera dans 5
ans. C'est pour ça que Hollande aide Bolloré à obtenir le port de
Kribi au Cameroun, alors même que le projet de l'entreprise avait
été mis à la poubelle rapidement. De même, la suppression de
l'ISF, et la volonté de le faire très tôt, vient surtout du
« cercle des économistes » et de l'Afep, une association
où les patrons du Cac40 sont très représentés qui on exigé que
la réforme se fasse et se fasse vite. Peut-importe les conséquences
sur la masse. Et là je ne sais plus où je suis : ploutocratie,
oligarchie, carnavalerie. Peut importe, mais République
démocratique, là ….
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