jeudi 18 avril 2019

Le désordre républicain (sur la privatisation d'ADP)


Les députés ont adopté le texte de la loi pacte par 147 voix pour, 50 contre et 8 abstentions. L'opposition s'efforce de lancer un référendum d'initiative partagée pour contrer le projet de loi, essentiellement à cause de sa mesure la plus controversée : la privatisation d'Aéroport de Paris (au profit de Vinci Aviation) et de la Française des jeux. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, au cœur du débat, affirme qu'un référendum d'initiative partagée menacerait la démocratie représentative et que ceux qui le proposent font le jeu des populismes en alimentant la contestation de la démocratie parlementaire.

Son intervention est typique des prises de parole dont nous abreuvent les membres de la République en Marche et du gouvernement depuis le début de la présidence de Macron. Elle s'inscrit dans une longue série de disqualifications de l'opposition, systématiquement accusée de populisme rouge-brun, et de requalification en miroir du gouvernement et du parti présidentiels comme étant les seuls défenseurs du « meilleur modèle politique à notre [leur ?] disposition ». Phrase qui mériterait toute une exégèse, mais passons pour le moment.
Bruno Le Maire n'innove en rien, il ne fait que dérouler le récit confortable qui est un des mythes du macronisme. Il articule ensemble un populisme conçu comme un levier politique utilisé sans précaution par une opposition aux aboies, affaiblie, exsangue, qui en appelle pour exister encore au populisme de la rue. Là où le populisme de la rue menace « l'ordre républicain », le populisme des partis menace lui la démocratie représentative, c'est-à-dire, pour dramatiser, la république elle-même. Ce qui fait des opposants aux populismes, à savoir le gouvernement et la République en marche, les seuls garants de la république, de la démocratie, de notre modèle politique, qui soyons en certains, est le meilleur. Le meilleur pour eux ou le meilleur pour nous, ça, ils se gardent bien de clarifier la chose.

Mais qu'est-ce que le populisme ? L'ordre républicain ? Cela ils se gardent toujours de les définir, ce serait détruire le récit qu'ils construisent en en dévoilant fatalement les lacunes, les manques, les fraudes et les mensonges. Le mythe fonctionne en tant que mythe, en tant que récit, sur l'efficacité des oppositions et des égalités qui le sous-tendent et qui sont hors discussion. Il nous faut donc bien les discuter, tenter de les définir, afin de dénoncer les mensonges (ces récits masquent des décisions politiques, masquent le fondement idéologique et les conséquences prévisibles de ces dernières), et le caractère frauduleux de ces discours (qui détruisent le sens des mots et donc la possibilité même de toute politique possible basée sur des échanges de parole. À ce compte là, ne reste que le bourre-pif).

POPULISMES
Le monde diplomatique consacre son magazine Manière de Voir au populisme, cet anathème incontournable de la politique aujourd'hui. Je ne chercherai pas à le définir maintenant (je dois d'abord me replonger dans le livre de Jan-Werner Müller, consacré à la question), je me contenterai de résumer ici ce qui en est dit le plus souvent.
Populisme est un mot d'autant plus offensif qu'il n'est que très peu descriptif, et d'autant plus efficace qu'il est malléable et donc adaptable à toute situation. Il peut ainsi servir à attaquer n'importe quel adversaire, et ce d'autant plus quand l'adversaire s'oppose au nom même de la démocratie. Un démocrate qui n'en démord pas deviendra donc, par la seul force d'un mot sans signification, d'un mot insignifiant, l'ennemi même de la démocratie. Un populiste le démocrate, le chaînon manquant entre Hitler et Orban, Mussolini et Trump. Ce mot ne sert donc qu'à une chose ; en rendant incompréhensibles les positions et les intentions des acteurs, à figer et justifier une opposition intransigeante entre partis et personnes et à se donner le bon rôle à peu de frais, à opposer violemment « eux » et « nous ». Comment en effet se défendre d'être populiste si personne n'est en mesure de définir la notion ? Celui qui le brandit le premier est ainsi assuré de gagner. Que la République en Marche abuse de cet épouvantail est ainsi passablement comique, puisqu'ils prétendaient, comme Salvini en Italie (qu'ils traitent de populiste), dépasser les clivages et prendre les bonnes idées d'où qu'elles viennent. On voit qu'avec une telle pratique, le clivage est renforcé, généralisé, et que la politique s'en trouve malmenée, au bas mot, si ce n'est évacuée de l'affaire, réduite à un style de discours qui doit provoquer l'assentiment des foules. Politique des effets, non des espoirs.

CARTE SOMMAIRE
Mais essayons, si ce n'est de définir précisément, au moins de donner un contenu minimal à la notion. Serait populiste celui qui se présente comme étant proche du peuple, dans ses manières (il « fait peuple », il est « populeux », « populacier ») ou dans ses préoccupations (il est « populaire », ses mesures sont « populaires »). Le peuple, de son côté, serait l'ensemble des gens simples, les « français moyens », comme on dit. À partir de là, quelles oppositions se dessinent ?
on voit que s'oppose au populiste le démocrate, qui partage réellement les préoccupations du peuple et d'autre part et le technocrate, qui ne masque pas la distance qui existe entre lui et le peuple, mais prétend savoir mieux que lui ce qu'il lui faut, prétend répondre aux vrais besoins du peuple, Le technocrate ne s'oppose donc pas aux préoccupations populaire qu'il gère et rationalise de haut, sauf quand elles entrent en conflit avec ses « vrais besoins », ses besoins dictés, enfin à l'élitiste, dont les manières et les intérêts correspondent à la frange supérieure de la population (économiquement, culturellement), le reste pouvant, grosso modo, aller crever.

RIONS-UN PEU
Où placer Macron, la République en Marche, les membres du gouvernement ? Pour les autres je sais pas, mais force est de constater que Macron est populiste. Sa promotion de la « société civile » contre les politiciens de carrière est une manière de s'identifier au « vrai peuple », exclu mais compétent, audacieux : peuple élu de CSP+, d'entrepreneurs, de start-uppers, d'actifs bien côtés. En Avril 2018 sur Fox News il parlait de « son peuple », malgré les consonances bibliques, les traversées du désert et les meurtres du père que cette formule suppose, comme pour rendre clair un lien religieux, sacré, clanique, entre sa personne et son peuple élu ». ses « petites phrases » aussi sont "peuple", éructées dans un style très populaire : « qu'ils viennent me chercher ! ». « On met un pognon de dingue dans les minimas sociaux et les gens sont quand même pauvres » digne des brèves de comptoir. Je pense qu'un livre très drôle, très grinçant pourrait être fait à partir de ces phrases pour dévoiler l'idée qu'il a de la france, entre « gaulois réfractaires », "cyniques et fénéants" et autres qui foutent le bordel au lieu d'aller voir pour trouver du travail. La France T-shirt/autocars, opposée à la france Costard/TGV et avions jets.

PLUS SÉRIEUSEMENT
N'oublions pas qu'il n'hésitait pas à dire au Journal du Dimanche, en mars 2017 : « si être populiste, c'est parler au peuple de manière compréhensible sans passer par le truchement des appareils, je veux bien être populiste », puis en 2018 devant les maires : « nous sommes les vrais populistes, nous sommes avec le peuple ». Les propos de 2017 montrent qu'en refusant les « appareils », les partis et autres, en voulant parler directement et sur un pied d'égalité aux français, il prétend incarner le peuple plutôt que le représenter, abolir la distance entre lui et les électeurs et incarner personnellement leur dynamisme, être dynamique pour eux, charge à eux de suivre, plutôt que d'organiser le cadre dans lequel le dynamisme de chacun pour s'élancer dans sa direction propre. Non, là, faut marcher en rangs serrés. C'est cette rhétorique quasi-fasciste de l'homme providentiel, du guide, qui justifie les interventions dans les écoles, bien plus qu'un technocratisme pédagogique comme on pourrait le penser. C'est le bourrage de mou, qui vise à macroniser les esprits malléables.

RÉFLÉCHISSONS
Mais si Macron—même lui, se revendique populiste, il devient impossible de déterminer, même vaguement, non plus seulement un sens, mais même déjà un usage correct, plus convenable que les autres, du mot ! Populiste est-il un motif de fierté ou une insulte, une position à revendiquer ou à disqualifier ? Et comment Macron peut user des deux registres sans jamais se prendre le boomerang sémantique dans les dents ? 
On s'en sortira en distinguant peut-être, comme le faisait Hal Draper avec le socialisme, en distinguant un populisme par en haut et un populisme par en bas, un populisme des chefs et un des masses. Macron se situe du côté du populisme des chefs et d'en haut (qu'il oppose au populisme des partis d'opposition, ce n'est pas le même). Il suffit d'écouter le discours d'inauguration de la station F en 2017 : il dresse un parallèle parfait entre sa vie politique et la vie d'un patron de start-up, sa proximité donc avec une « France Xavier Niel » qui à ses yeux est toute la France : « start-up nation », « entrepreneur is the next France ». C'est bien simple, c'est plus la France, c'est la Franglish et malheur aux « illétrées de Gad » qui ne maîtrisent déjà pas le Français digne, c'est mort pour elle en ce qui concerne l'anglobish. Pas toute la France, donc, la France, et quiconque se réclame de l'autre France est un populiste d'en bas, de l'encarté de syndicat qui parle au nom d'une masse dangereuse qui ne veut pas le « changement mais le chaos » et donc qui sans cesse menace de « renverser l'ordre républicain » à grands coups de lattes dans l'arc de Triomphe.

Sauf que si on ne me dit pas, à moi, ce qu'est l'ordre républicain, j'ai aucune raison de ne pas vouloir qu'il chavire ...

L'ORDRE REPUBLICAIN
Quel est cet ordre républicain dont on se félicite de la préservation chaque fois que les gilets jaunes ne cassent pas trop ? À minima, la république est un régime dans lequel le peuple élit ses représentants. La république alors n'est rien d'autre que la démocratie représentative et l'ordre n'est rien d'autre que l'absence de contestation hors cadre de ces derniers par le peuple. Mais on ne peut pas se contenter de cette définition tant est vraie la formule de Marcuse : « Le fait de pouvoir élire librement des maîtres ne supprime ni les maîtres ni les esclaves ». Donnons le passage en entier :

« Réglementée par un ensemble répressif, la liberté peut devenir un instrument de domination puissant. La liberté humaine ne se mesure pas selon le choix qui est offert à l'ndividu, le seul facteur décisif pour la déterminer c'est ce que peut choisir et ce que choisit l'individu. Le critère d'un choix libre ne peut jamais être absolu, mais il n'est pas non plus tout à fait relatif. Le fait de pouvoir élire librement des maîtres ne supprime ni les maîtres ni les esclaves. Choisir librement parmi une grande variété de marchandises et de services, ce n'est pas être libre si pour cela des contrôles sociaux doivent peser sur une vie de labeur et d'angoisse—si pour cela on doit être aliéné. »

Ainsi, en adaptant le propos, ce n'est pas réellement une république si le contrôle exercé sur les citoyens est tel que tout un ensemble de possibles se retrouve exclu du choix, ou maintenu seulement de manière cosmétique. Par exemple, le fait de changer intégralement la constitution est hors de propos, de faire partir les projets de loi de discussions entre citoyens concernés non plus (sauf quand ça vient des citoyens cac40). De même, certains partis sont maintenus sans aucune possibilité d'être élus, tant est puissant le contrôle qui les présente d'emblée comme des partis peu sérieux. Ou dangereux, et on sait bien que le « votez pour qui vous voulez mais votez Macron » est un outil de contrôle social, autant que les éditoriaux du Figaro contre Lutte Ouvrière.
Mais au delà de ça, un autre problème surtout se pose quand on sait, en lisant par exemple l'article du Monde « le blues des technos de la République » ou L'Etat de Bourdieu que ceux qui travaillent pour l'Etat ne sont pas du tout élus ; ils sortent des grandes écoles (ENA, Polytechnique), cultivent l'entre-soi, partagent le même langage et les mêmes convictions, demeurent en place quand les gouvernements s'effondrent et vivent entièrement coupés du reste du monde. Dans ces conditions, lire que :

« La Macronie est intrinsèquement technocratique. Une grande partie du programme de Macron était d’ailleurs dans les cartons de Bercy depuis dix ans » attendant un ministre convaincu ou qui, sans idées, veut faire son trou facilement, n'est pas forcément rassurant.

L'ordre républicain est alors une demi-démocratie, ou une démocratie de façade, et dans ces conditions, le désordres est certainement souhaitable.

Mais la république, c'est surtout le règne de la loi, à l'opposé d'un régime qui distribue allègrement les privilèges, règne de la loi fragile assuré par un principe fort : la séparation des pouvoirs. L'ordre républicain est alors synonyme d'une part de hiérarchie des normes, d'autre part de mise en respect mutuelle des divers pouvoirs. Mais est-ce bien ainsi que le gouvernement entend l'ordre républicain ? Ne l'entend-il pas plutôt comme un calme, une léthargie politique qui laisse les coudées franches à un exécutif en majesté pour mener à bien son projet, indépendamment de tout contrôle et au mépris des principes les plus essentiels de la république ?

La loi anti-casseur en est un exemple. Dans cette volonté de limiter les libertés publiques et de passer au-dessus des juges en accordant des pouvoirs au préfet. Certes, l'article 3 a été censuré, mais pas du tout dans son principe : donner au préfet la possibilité d'interdire de manifestation un citoyen sans recours possible auprès d'un juge administratif à cause de simples questions de délais trop court, aurait été accepté par le conseil constitutionnel si les raisons de cette interdiction avaient été plus étroitement liées à une infraction. Il est vrai que l'exécutif voulait avoir la possibilité d'interdire de manifestation des personnes ayant été présentes à une manifestation violente ou partageant des idées radicales. Mais on doit surtout dénoncer les pressions exercées sur les députés LREM, menacés d'exclusion en cas de vote contraire aux projets de l'exécutif, ce qui, étant donné que LREM dispose d'une majorité absolue, à réduire considérablement le rôle de contre-pouvoir de l'assemblée nationale. Au moment de la loi Asile et Immigration, « Richard Ferrand, avait mis une forte pression sur les députés, menaçant d'exclure du groupe tout élu du parti votant contre le texte, assénant d'une formule: «Abstention, péché véniel, vote contre, péché mortel». » (Libération) et, on s'en souvient, Jacqueline Gourault s'emportait contre les députés LR qui exigeaient d'elle des réponses à leurs questions, disant qu'ils usaient de « méthodes autoritaires » qui « ne sont pas acceptables dans une démocratie ». Autre manière de faire rendre les armes aux contre-pouvoirs. Attaques contre le législatif, contre le juridique, mais en élargissant, contre le « quatrième pouvoir », Macron ayant accusé les journalistes, en pleine affaire Benalla, de vouloir se substituer à la justice, de ne pas faire leur travail, uniquement parce qu'ils enquêtaient sur un de ses proches et levaient de sacrés lièvres. On attend de voir comment la loi contre la « manipulation de l'information » va entraver le travail des journalistes mais tout ça semble peu réjouissant.

Et bien sûr, il y a le mépris des instances internationales, Conseil de l'Europe et ONU, qui condamnent l'utilisation massive de la force par les policiers et invitent à mener une enquête rigoureuse sur chaque cas. On connaît la réponse du président : refus de reconnaître une violence démesurée, refus de reconnaître aux mutilés et aux morts leur statut de victimes de la violence policière. Ainsi, quand Macron affirme qu'il n'y a eu aucun mort à cause d'une intervention policière depuis le début de la crise des gilets jaunes et refuse de parler de répression, refuse de recevoir des leçons de républicanisme, il ment effrontément et outrage tout, sa fonction, l'ONU et nous tous. Car la réalité est loin d'être ce qu'en dit Macron, comme le révèle David Dufresne à France Inter :

« nous sommes passés à une phase d’industrialisation de la violence. Et je pèse mes mots ! Quand on en est à 500 blessures, plus de 200 personnes frappées à la tête dont 110 par des tirs de LBD, 110 cas complètement interdits parce qu’on ne doit absolument pas viser la tête, 23 personnes qui ont perdu un œil, cinq une main »

ainsi que Libération de son côté :

C’est toutefois dans le cadre de l’intervention des forces de l’ordre en marge d’une manifestation de gilets jaunes, que la dixième victime, l’octogénaire Zineb Redouane, a été touchée au visage par une grenade lacrymogène alors qu’elle fermait ses volets, le 1er décembre 2018 à Marseille, près de la Canebière. »
« Selon le témoignage d’une voisine recueilli par Libération, la victime, encore consciente avant d’être transportée à l’hôpital, avait déclaré avoir été visée : «Quand je suis arrivée, raconte ce témoin, elle sortait de la salle de bains une serviette en sang sur la mâchoire. Elle criait : "Ils m’ont visée, ils m’ont visée !" L’appartement était rempli d’une fumée noire. Elle m’a raconté que deux policiers en tenue se trouvaient sur le trottoir d’en face de la Canebière et lui ont tiré dessus.»Dans l’Express, le secrétaire régional du syndicat de policiers Alliance, Jean-Marie Allemand, évoque des «tirs en courbe» dont l’un a «pu atteindre le quatrième étage».


LA HIÉRARCHIE DES NORMES
Mais il y a peut-être pire. La volonté de faire passer passer des lois qui vont à la fois contre les intérêts du pays et contre la constitution. La République considère en effet un certain nombre de textes auxquels elle confère un statut constitutionnel, c'est le bloc de constitutionnalité que tout projet de loi doit respecter. La hiérarchie des normes place ces textes au dessus des textes de loi qui doivent nécessairement s'y conformer. Ces textes qui servent de cadre à l'action du gouvernement sont la constitution de la Cinquième, le préambule de la constitution de la Quatrième, la déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen, la charte de l'environnement.

Or, en voulant privatiser ADP au profit de Vinci aviation, en détournant le principe des concessions (des concessions sont offertes à des entreprises privées lorsqu'elles investissent et participent directement à un chantier public, afin de leur permettre de se rembourser avant de céder la concession à l'Etat) : en lui donnant une extension jamais vue (70 ans) et en permettant à Vinci d'acquérir un aéroport déjà construit, ce qui est déjà absurde, et surtout rentable et bien géré.
Or, le préambule de la constitution de 1946 affirme au paragraphe 9 :

Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité.

Or, c'est bien d'un monopole dont il est question ici : Si Vinci récupère ADP, il possèdera les aéroports parisiens, la majorité des aéroports français, une partie des alternatives à l'avion avec les autoroutes. Il est déjà évident que l'Etat va y perdre de l'argent, mais on ne sait même pas encore la somme qu'il lui faudra débourser à la fin de la concession pour récupérer ADP. En toute logique, après cette transaction, On se retrouvera avec beaucoup moins d'argent qu'en gardant l'aéroport, sans avoir l'assurance que les bénéfices iront aux salaires et infrastructures plutôt que dans la poche des actionnaires, c'est-à-dire qu'on n'a aucun moyen de savoir dans quel état on va retrouver l'aéroport si on le récupère, vu qu'il est prévu de permettre une vente définitive une fois la période finie.

Déjà que le texte a l'air calamiteux, mais il n'est peut-être même pas conforme au droit français. Donc, si tout cela s'avère pas trop inexact : on a un président tout ce qu'il y a de plus populiste, qui se la joue populeux avec nous, mais aux yeux de qui le seul vrai peuple, c'est le peuple de la grande richesse et le peuple de la richesse numérique, peuple d'entrepreneurs, réunis dans une petite « start-up nation ». Et tant pis pour ceux qui start down. Eux, ma foi, ils resteront tout en bas à faire des livraisons à vélo toute la nuit. Cela le force à jongler. Car sa nation n'aime pas l'Etat, n'aime pas l'impôt, n'aime pas qu'on lui impose des choses. C'est à elle d'en imposer. On n'amasse pas des milliards génération après génération pour se faire marcher sur les pieds par un président qui peut nous remercier et qui dégagera dans 5 ans. C'est pour ça que Hollande aide Bolloré à obtenir le port de Kribi au Cameroun, alors même que le projet de l'entreprise avait été mis à la poubelle rapidement. De même, la suppression de l'ISF, et la volonté de le faire très tôt, vient surtout du « cercle des économistes » et de l'Afep, une association où les patrons du Cac40 sont très représentés qui on exigé que la réforme se fasse et se fasse vite. Peut-importe les conséquences sur la masse. Et là je ne sais plus où je suis : ploutocratie, oligarchie, carnavalerie. Peut importe, mais République démocratique, là ….

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire